« Rousse » un spectacle participatif au fil du fleuve…
Jeudi 22 mai, la salle Denise-Éparvier s’est métamorphosée en un cercle vivant de création. Une vingtaine de spectateurs, disposés autour de la scène, ont assisté à la répétition publique de « Rousse ou les beaux habitants de l’univers », une adaptation théâtrale du roman postapocalyptique de Denis Infante (Éditions Tristram, janvier 2024), portée par la Cie Troisième Rêve Théâtre et son metteur en scène Michel Tallaron.
Dans le cadre du projet culturel de la BatYsse, un groupe d’habitant·es du Pilat rhodanien ont partagé une page de ce spectacle participatif, où le fleuve guide une réflexion poétique sur notre lien au vivant. Cette soirée intimiste a révélé la force d’un théâtre qui unit communauté et art.
Une aventure tissée par un collectif
Depuis plusieurs mois, sous la direction sensible de Michel Tallaron, des hommes et des femmes du Pilat rhodanien – novices ou chevronnés – se sont embarqués dans une aventure théâtrale unique. À travers des ateliers hebdomadaires, ce collectif participe à la création de Rousse ou les beaux habitants de l’univers.
Un spectacle participatif, à la croisée de l’art et de l’engagement citoyen, qui invite à questionner notre relation à la Terre, une comédienne nous confie qu’il : « nous permet d’écouter ensemble, habitant·es et artistes, les murmures du monde »
Le troisième volet d’une trilogie écologique
Troisième chapitre d’une trilogie débutée en 2021 avec « Nous sommes le fleuve », suivi en 2023 par « Soif.s », « Rousse ou les beaux habitants de l’univers » s’inscrit dans une démarche qui entrelace écologie et poésie. Le fleuve, miroir de nos fragilités et de nos espoirs, invite à écouter la voix du vivant. Figure centrale, il devient un guide initiatique, entraînant les spectateurs dans un voyage où la parole est donnée aux non-humains. Comme l’expliquent les concepteurs :
« Nous mettons nos pas dans le sillon d’une jeune renarde. Sur une terre que l’homme semble avoir désertée, où l’eau est devenue rarissime, où tous les êtres vivants souffrent de la soif. Les végétaux dépérissent. Les animaux aquatiques sont pris au piège de l’évaporation de leur demeure. Au retour de leurs longs périples, les oiseaux migrateurs n’apporteront pas de bonnes nouvelles : partout la sécheresse sévit. »
Les techniques théâtrales – jeu collectif, scénographie épurée, et création sonore immersive – amplifient la fable écologique. La répétition publique dévoile des scènes émouvantes, où la renarde et les voix des non-humains prennent vie avec une sincérité saisissante, sous les regards attentifs du public en cercle.
La BatYsse, un foyer de création collective
Ce séjour de création longue durée s’ancre dans le projet culturel de la BatYsse, un lieu dédié à l’expérimentation artistique et aux rencontres. En écho à l’héritage de Gaston Baty, dont la vision du théâtre populaire et des marionnettes inspire encore, la maison soutient des initiatives qui tissent des liens entre territoire et création. La répétition publique à la salle Denise-Éparvier, suivie d’un échange avec le public, a offert un aperçu précieux des coulisses de ce processus collaboratif. « Voir des gens d’ici porter une telle histoire, c’est comme redécouvrir notre lien au monde », confie une spectatrice, émue.
Publié le 22 mai 2025